Miossec au Vauban le 12 octobre 2006

13 octobre 2006

oir Miossec à Brest, et mourir. » Ce pourrait être une devise, une épitaphe, ou un objectif. Mais voilà, je ne suis pas mortelle, dommage… Par contre, j’ai vu Miossec. Où aller voir le plus connu des brestois ailleurs que dans son fief ? Flash back ! Christophe Miossec, c’est l’histoire d’un mec arrivé en France en 1995, à l’heure des boys band à la con qui mâchaient des Malabar avec leur milk-shake à la fraise, il a ouvert sa bière avec les dents, craché ce qu’il avait dans le cœur, et changer la chanson française.

Album après album, de chansons devenues cultes (non, non, non, non ; en silence ; je m’en vais) en reprises inattendues (les amoureux de Joe Dassin ; pour un flirt avec Jane Birkin), Miossec a imposé son style unique : des textes abrupts, des mots crus, des musiques violentes, et une voix inimitable. Une chose est sure : on ne ressort pas indemne d’une rencontre comme celle-ci. Combien de chanteurs et auteurs se sont ensuite revendiqués influencés par Miossec ? Pas un ne le cite pas. Ce n’est pas un hasard : il n’était pas le plus beau, ce n’était pas celui qui chantait le plus juste, il n’était pas le plus souriant, mais il est resté. Et surtout il a décoincé une chanson française un peu amorphe et au goût d’un mièvre diabolo menthe. Alors bien sûr, il n’était pas tout seul, Dominique A était aussi dans le coin au même moment, et puis d’autres. Mais Christophe Miossec est devenue LA référence, le Parain.

Le Parain donc, mais aussi le Brestois. Il n’a jamais renié, au contraire, il a toujours assumé son appartenance non pas à la Bretagne, mais à Brest. Et Brest le lui rend bien : deux dates de concert, une heure pour vendre les 800 places, c’est l’effet Miossec. Décidemment très accroché à la lettre « B » avec sa trilogie Boire-Baiser-Brûle, il a quitté Brest pour la Belgique, et Bruxelles. Mais le premier concert de la tournée, c’était à Brest. Et c’était le jeudi 12 octobre 2006.

L’envie est forte, il va falloir être à la hauteur. Une première partie très masculine : quatre garçons dans le vent de Crozon. Si ceux là ne sont pas tombés dans les Beatles quand ils étaient petits je ne comprends pas ! Un bon groupe qui à l’air de s’amuser sur scène, des textes bien ciselés un rien revanchards, des musiques et mélodies qui accrochent... à suivre de près, ces gars là ont tout pour plaire ! Et ça a plut.

Puis, Il est arrivé : après une présentation par le responsable d’emmaus Brest, les premières notes de La Facture d’Electricité retentissent, le public entonne papalapa.. autant dire que ça commence bien. Mais ça ne dure pas… Le public est bien sage, Miossec s’en étonne lui-même et commence à penser que c’était mieux avant… La deuxième chanson pourtant est La Fidélité, un classique du répertoire. Les textes sont sus, la voix de Miossec suit, la prestation impeccable. Mais seul Je M’en Vais tirera une partie du public de son sommeil. Mais, au grand désespoir de Christophe, ce qui marchera le plus c’est « Hep Chef, une p’tite bière on a soif ». Le concert se veut très rock, la batterie résonne, les riffs suivent. Miossec titube (de plaisir ?), le micro à la main, alternant les nouveaux titres et les anciens. Le public connaît sa leçon, mais a du mal à improviser ce soir. La fin du concert et les rappels seront plus vifs, dommage, ça laisse un arrière goût amer.

Les symptômes sont là, il faut que quelqu’un fasse le diagnostic : le public de Miossec a vieillit. Mais lui aussi : il ne boit que de l’eau sur scène…

Un Miossec me semble-t-il fidèle à lui-même, à la hauteur, mais un public en dessous. C’est le premier soir, la première fois n’est jamais la meilleure…