J'accuse le dopage (qui a dit "démago!" ?)

Des sportifs se dopent. Vous aurez remarqué que j’ai pris soin de choisir un pronom indéfini pour ne pas généraliser.

On ne nomme « dopés » que ceux qui sont pris. Mais les autres alors, sont-ils plus innocents ?

Innocents, le mot qui revient à la bouche de chaque présumé accusé « dopé ». S’ils le sont, qui sont les « vrais » coupables ? Cherchons les.

Si on revient en arrière, j’accuse au départ comme premiers responsables du dopage d’un athlète tous ses concurrents. S’ils n’étaient pas là, l’athlète ne moquerait bien d’aller plus vite ou de repousser ses limites.

Et puis, est arrivé le peuple. Ce peuple qui a lui aussi poussé l’athlète à être meilleur puisque non seulement il n’était plus seul à courir, mais en plus il était regardé. Et on le sait tous : l’enfer c’est les autres, c’est-à-dire leur regard.

Les médias seraient alors les troisièmes coupables. Ce sont eux qui ont amassé des centaines, des milliers puis des millions de personnes à regarder les performances de l’athlète. Ils se font faits les relayeurs de pression sur lui.

Un jour, les sponsors sont arrivés, flairant la bonne vitrine potentielle. Et pour rentrer dans une équipe, l’athlète a du prouver sa force, et se surpasser une fois encore pour donner l’image d’être le meilleur.

J’accuse aussi l’argent d’être coupable de ces affaires. L’argent est devenu la finalité des sports. L’athlète ne court plus pour une performance ou un chrono, il court pour avoir la première place, et le premier lot associé. Et si l’athlète tente de battre des records aujourd’hui ce n’est pas pour atteindre la postérité, mais bien pour en récolter la prime.

Mais sont aussi complices les docteurs fous qui prennent l’athlète pour un cobaye, conscient ou non, des risques pris.

Je ne sais pas qui plaindre : l’athlète qui mourra avant 40 ans ? Le public qui fait croire qu’il est frustré de tous ces mensonges mais se régale de chaque record battu ? Je crois qu’il y a plusieurs coupables, une seule victime : l’athlète, victime au départ de son orgueil et de son ego surdimensionné.

Pourquoi aurait-on la naïveté de croire qu’il y a des tricheurs partout, sauf dans le sport ? Tout simplement parce que nous sommes restés des mômes bien au fond de nos abris : nous voulons que le sport nous fasse rêver comme quand nous étions petits. Mais le sport n’est pas un film américain, la fin n’est pas toujours belle.

Cette fois encore, plaidons coupables.