Une soirée d’Anvers !
Vingt heures, jeudi soir, il y a du monde dans les rues de Brest. Tout le monde se presse vers l’avenue Clemenceau. Je me dis que je risque encore d’attendre dehors dans le vent pour entrer au Vauban (cf Da Silva). Pas du tout, la foule se presse, mais vers le Quartz. J’entre donc tranquillement au Vauban, demandant à quelques impatients du concert ce qu’il peut bien se passer en face, tous l’ignorent. Il faut dire qu’ils n’en ont rien à faire : ils veulent voir Joseph d’Anvers, c’est tout.
A 20 h 45 la première partie arrive, la salle est peu remplie. C’est Pierre Guimard. Un beau brun ténébreux qui s’avance vers nous, la guitare à la main, déclarant d’entrée : « Brest c’est le bout du monde vous savez, et ça fait du bien ! ». Et d’une voix assurée, il nous offre une des meilleures premières parties que le Vauban nous a offertes cette année. Les textes sont bien ciselés, beaux, tendres. Il nous explique ainsi « qu’il pleut toute la journée »… mais « à Londres même en été ». On a le privilège d’une sublime reprise de Neil Young (« Out of the week-end »), d’un medley d’harmonica ou encore d’une lettre d’amoureux exilé. Le public apprécie en silence, applaudit et l’aide même avec un lalalalalala lala pour finir. Il est tout seul à la guitare devant un public pas conquis d’avance, mais il assure, et logiquement, c’est lui qui gagne. Pour une fois, c’est une première partie pas chiante ni trop longue. On en aurait bien pris une dose de plus...
Assurance, présence et vrai talent d’auteur-compositeur : un trio gagnant, non ? Pierre Guimard, un nom à suivre de très près !
Avant 21 h 30, c’est au tour de Joseph d’Anvers de débarquer avec ses musiciens. Le public est majoritairement installé au fond de la salle, assis, pour mieux apprécier sans doute. Joseph aussi est assis. Ce sera son ultime concert assis : convalescence post-opératoire oblige. Mais avec ses trois musiciens, les quatre garçons dans le vent ne vont pas nous décevoir ! Qu’il s’agisse des intro musicales, des lumières, des transitions ou des réorchestrations (par rapport à l’album), le niveau est exceptionnel ! Les musiciens prennent apparemment un plaisir réel à jouer, le public pas assez nombreux apprécie le spectacle. Quasiment toutes les chansons de l’album sont jouées, enfin rejouées puisque si les musiques varient, la voix de Joseph très intime sur l’album est ici plus assurée. Une deuxième lecture de ses chansons, c’est une autre vision, fidèle à celle de l’album, mais plus ouverte. L’hypersensibilité révélée dans les textes est aussi présente sur scène par la délicatesse que Joseph met dans sa façon de chanter. Un concert très hétéroclite, on passe d’un style à un autre, concert alternatif, quasiment expérimental ! Des refrains très rock qui laissent là aussi sur place, de vrais moments d’évasion ! Des grands moments d’émotion comme pendant « les cicatrices » qui nous prouvent (s’il le fallait !) que d’Anvers excelle partout. Les amoureux du rock en ont eu pour leurs yeux et leurs oreilles ! Pas forcément très expressif, ou plutôt intimidé par ce qu’il voit et entend, le public était attentif et n'a pas loupé une miette de ce qui était présenté. Les spectateurs présents étaient des connaisseurs de d'Anvers, et étaient plus qu’enchantés de ce qu'ils venaient d'entendre !
Il y avait de quoi se sentir fier d’avoir assisté à ces deux concerts, et on pourra tous s’en vanter dans très peu de temps. On y était, et c’était incroyable !
Reste une énigme, à moins qu’au Quartz il s’agissait d’un concert des Beatles, comment peut-on passer à côté des concerts de jeudi ?
Des anges sont passés par Brest, et trop de brestois les ont ratés…